Le projet de loi Santé de Marisol Touraine, adopté le 17 décembre 2015, a pour objectif de renforcer la complémentarité des opticiens-lunetiers avec les ophtalmologistes pour l’accès aux soins visuels. Le décret du 5 décembre 2016 donne de nouvelles prérogatives aux orthoptistes. Explications.

Les règles relatives aux modalités d’exercice de la profession d’orthoptiste ont été modifiées. L’objectif de la loi est d’encourager une collaboration plus fine entre les ophtalmologistes et les orthoptistes pour faciliter la délivrance des verres et des lentilles. L’accès aux soins visuels s’en trouve amélioré et les délais de rendez-vous pour consulter un ophtalmologiste réduits ⁽¹⁾.

La mise en place de protocoles organisationnels ⁽³⁾

C’est l’un des éléments phares du décret : ces protocoles permettent une collaboration active et encadrée entre les médecins ophtalmologistes et les orthoptistes – il s’agit de la délégation de soin sous contrôle médical. L’orthoptiste est formé pour réaliser une partie des actes médicaux : il peut réaliser plus d’actes qu’avant – toujours sous le contrôle de l’ophtalmologiste – et intervient avant, pendant ou après l’examen ophtalmologiste. Comme l’indique le décret, « l'orthoptiste établit un bilan avec un diagnostic, des objectifs et un plan de soins. Il effectue la prise en charge orthoptiste et les examens sont interprétés par le médecin prescripteur » ⁽⁴⁾. Aujourd’hui, près d’un tiers des cabinets d’ophtalmologistes fonctionnent sur ce modèle ⁽⁵⁾ que les pouvoirs publics souhaitent voir se généraliser à l’horizon 2025. Pour les patients, l’avantage est une prise en charge plus rapide, donc des délais de rendez-vous plus courts, et toujours la même qualité de soins. En somme, le parcours de soin est plus efficace et sécurisé.

De nouvelles habilitations pour l’orthoptiste ⁽⁶⁾

Dans le cadre de la loi, l’orthoptiste dispose de nouvelles compétences. Il peut, par exemple, effectuer un bilan visuel avec interrogatoire, déterminer l’acuité visuelle et la correction optique, prendre des photos du fond d’œil et réaliser certains examens complémentaires, instiller des collyres, poser des lentilles de contact et apprendre au patient à les manipuler. L’interprétation des résultats des examens et le diagnostic final restent dans le champ de compétence exclusif de l’ophtalmologiste. Il est le seul à décider du traitement et du suivi nécessaires pour chaque patient.

Conclusion

L’orthoptiste a désormais vocation à occuper une place de plus en plus importante au sein de la filière visuelle. Il a un rôle à part entière aux côtés de l’ophtalmologiste et de l’opticien. Une avancée dans le domaine de la santé oculaire qui s'inscrit dans la continuité d'un autre décret, paru en octobre 2016, et qui permet aux opticiens de délivrer des lunettes sans ordonnance sous certaines conditions ⁽⁷⁾.

Sources

(1) Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, Projet de loi de modernisation de notre système de santé, Lien, consulté le 13 décembre 2019.
(2) Syndicat National Autonome des Orthoptistes (SNAO), Qu’est-ce que l’orthoptie ?,Lien , consulté le 13 décembre 2018.
(3) Acuité, Nouvelles prérogatives pour les orthoptistes : le décret enfin publié !, Lien, consulté le 13 décembre 2018.
(4) Actualité du droit et de la santé, Décret 2016-1670 : définition des actes d'orthoptie et modalités d'exercice de la profession d'orthoptie, Lien, consulté le 13 décembre 2018.
(5) Orthoptie.net, Les transferts de compétences en ophtalmologie : réalités et perceptions, Lien, consulté le 13 décembre 2018.
(6) Acuité, Nouvelles prérogatives pour les orthoptistes : le décret enfin publié !, Lien, consulté le 13 décembre 2018.
(7) Acuité, Nouvelles prérogatives pour les opticiens : le décret enfin publié !, Lien, consulté le 13 décembre 2018.